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2. GÉNÉRATIONS : LE GRAND FOSSÉ ?

ZOOM SUR LES DIFFÉRENTES GÉNÉRATIONS

Nos jeunes aiment le luxe, ont des mauvaises manières, se moquent de l’autorité et n’ont aucun respect pour l’âge. A notre époque, les enfants sont des tyrans.

Cette citation pourrait dater d’aujourd’hui. Elle est pourtant attribuée … à Socrate, qui a vécu 400 ans avant Jésus-Christ. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, chaque génération a droit à son petit surnom. Souvent présentées comme étant en conflit, les générations se suivent … Chaque génération est le reflet de l’époque qui l’a vue grandir. Les inventions, les nouvelles technologies, les grandes crises politiques et économiques ne sont que quelques-uns des phénomènes qui sculptent les caractéristiques, les aspirations et les valeurs qui seront portées par une génération. Néanmoins, il faut l'admettre, le fossé entre les générations entraîne souvent des conflits ...

Voici la une du magazine Marianne en juin 2022.

Pendant 40 ans, les gouvernants ont mené des politiques favorisant les seniors. Les boomers étouffent les générations suivantes. Réforme des retraites, écologie ... Comment enterrer la hache de guerre ? Quelles solutions existe-t-il pour une vraie réconciliation générationnelle ? Pour Henri Sterdyniak, membre des Économistes atterrés, il faut d’abord s’attaquer à la reproduction des inégalités sociales au lieu d’opposer les classes d’âge. Pour Maxime Sbaihi, ancien directeur du think tank libéral GenerationLibre, une réforme radicale des retraites s’impose. Une idée toutefois en commun : davantage taxer l’héritage. Et vous, qu'en pensez-vous ?


REGARDEZ L'INFOGRAPHIE ET LA VIDÉO SUIVANTES :



DU GRAIN À MOUDRE

GRETA CHIRAC ET JACQUES THUNBERG

« A ma gauche, Greta Thunberg, 16 ans. Autiste, cosmopolite, écolo radicale. Egérie d’une génération qui n’est pas là pour rigoler. A ma droite, Jacques Chirac. Mort à 86 ans. Franchouillard, dragueur, amateur de tête de veau. Symbole d’une génération qui savait se marrer […] où les réseaux sociaux n’existaient pas. »

C’est un véritable choc des générations, avec des mentalités et des visions du monde bien différentes. Même si tout semble opposer ces deux figures, elles se rejoignent pourtant sur le sujet écologique : « C’est bien Jacques Chirac en 2002, bien avant la naissance de Greta Thunberg, qui lui faisait sans le savoir la courte échelle : « notre maison brûle et nous regardons ailleurs […] prenons garde que le XXIè siècle ne devienne pas pour les générations futures, celui d’un crime de l’humanité contre la vie. » Oui, il y a bien du Greta dans Chirac, et du Jacques dans Thunberg. Etonnant, non ? »

ÉCOUTEZ-LES ...


Et bien ? Qu'en pensez-vous ?

ACTIVITÉ DE COMPRÉHENSION ÉCRITE

BOOMERS VS SNOWFLAKES

D’ici 2050, il y aura plus de 65+ que de moins de 25 ans dans le monde : 2,1 milliards contre 2 milliards.
Ce sont deux visions du monde qui vont être amenées à cohabiter, à coconstruire si elles veulent surmonter les défis écologiques et sociaux actuels.


LISEZ L'ARTICLE SUIVANT.

"OK, boomer", une expression devenue le symbole d'un malaise entre les générations

Cette locution apparue sur les réseaux sociaux s'invite dans le débat public en cette fin d'année. Simple phénomène ou reflet d'une fracture générationnelle ? Franceinfo s'est penché sur la question.

Peut-être l'avez-vous lancée à votre oncle le soir de Noël lors d'une conversation sur les retraites. Ou l'avez-vous entendue, pas plus tard qu'hier, dans la bouche de votre fille que vous veniez de critiquer pour son "temps passé sur les écrans". Difficile d'avoir raté l'expression "OK, boomer", de plus en plus utilisée.

Si l'origine exacte de cette pique ironique qui s'adresse à la "génération dorée" née entre 1945 et 1965 reste floue, tout semble avoir commencé sur TikTok (vous savez, ce réseau social qui permet de mettre en ligne des vidéos et que les jeunes adorent). 

Le déclencheur ? La diatribe d'un homme d'une soixantaine d'années, en train de critiquer les jeunes générations. Cheveux blancs et casquette sur la tête, l'homme explique à la caméra que les "millenials" (nés entre 1981 et 1995) et la "gen Z" (après 1996) souffrent "du syndrome de Peter Pan : ils refusent de grandir". Il poursuit en affirmant que leurs combats – notamment en matière d'écologie – seraient vains et bercés d'idéaux. La vidéo a été diffusée sur TikTok et un jeune, en train de l'écouter, lui a asséné un cinglant "OK, boomer", que l'on pourrait traduire par "cause toujours, le vieux". Il n'en fallait pas plus pour que la machine internet s'emballe. 

Le 29 octobre, le New York Times consacre un article à cette expression qui, selon le quotidien américain, "marque la fin des relations amicales entre générations". 

Un "mépris" envers les aînés, pour certains

En effet, certains n'apprécient pas franchement l'expression. Ils y voient une "discrimination antivieux", un "mépris" ou encore une "condescendance" de la jeune génération à l'égard de leurs aînésPour les essayistes Brice Couturier et Bertrand Vergely, nés en plein baby-boom, cette expression reflète l'âgisme ambiant. Ils le comparent même au sexisme et au racisme.

Selon eux, l'expression "OK, boomer" vise "à mettre l'écologisme radical à l'abri de toute contestation" et fait état d'une "volonté d'interdire de parole ceux qui ne pensent pas 'correctement'". Les deux chroniqueurs y voient ainsi un comportement typique de la "snowflakes generation" la génération flocon de neige – faisant référence à leur hypersensibilité et qui désigne des jeunes gens "surprotégés" par leurs parents, fermés au dialogue et ne voulant évoluer que dans des lieux ou des groupes au sein desquels chacun est certain de ne pas être confronté à des idées contraires aux siennes.

Plus modérée, Audrey Dufeu Schubert, députée LREM et auteure d'un rapport sur l'âgisme remis au Premier ministre, fait état d'un "fossé générationnel" se creusant petit à petit. Si elle y voit surtout un phénomène internet, l'expression "OK, boomer" symbolise à ses yeux une "génération qui responsabilise et qui cherche à faire culpabiliser les plus anciens, notamment sur l'environnement".

Une génération "sacrifiée"

Mais les adeptes du "OK, boomer" le martèlent : il ne s'agit pas d'être "antivieux", mais de s'adresser aux "boomers", une génération, aujourd'hui âgée de 55 à 75 ans, dont la parole domine, en politique et dans les médias. En somme, le sentiment évoqué par l'expression ne viserait pas tant l'âge, mais la place de ces "boomers" dans l'histoire sociale. 

Dans son livre Génération sans pareille, l'historien Jean-François Sirinelli définit cette génération par "les 4 P" : paix, prospérité, plein-emploi, progrès. Nés entre la fin de la guerre et le milieu des années 60, ces baby-boomers ont bénéficié d'un environnement très favorable et des combats de leurs parents soixante-huitards.

"La conscience est assez forte chez la jeunesse actuelle qu'ils sont une 'génération sacrifiée'", notamment sur le plan politique, décrit Camille Peugny, professeur de sociologie à l'université de Versailles-Saint-Quentin. "Ils savent que la génération post-68 a joui d'une existence plus facile qu'eux." En l'occurrence d'un monde pacifié, d'une croissance exponentielle et d'un chômage très bas : "L'accès à la propriété privée était bien plus aisé, les carrières progressaient naturellement...", énumère le sociologue.

A l'inverse, près de 60 ans plus tard, les conflits se multiplient dans le monde, la menace d'une récession plane, la planète souffre de plus en plus et le taux de chômage chez les 15-24 ans frôle les 20% alors que les jeunes sont davantage diplômés dans le supérieur. "Si l'on compare ces générations, il est certain qu'il y a beaucoup d'inégalités, de déclassement pour les jeunes d'aujourd'hui, constate Camille Peugny. Les baby-boomers ont eu, globalement, une vie bien plus facile. Certes, les conflits entre générations ont toujours existé. Mais si, avant, ils se manifestaient surtout sur le plan des valeurs sociétales, désormais, le contexte socio-économique les a exacerbés."

Cependant, selon la députée Audrey Dufeu Schubert en atteste : les personnes de plus de 60 ans font également face à de nombreuses difficultés : "Après un certain âge, beaucoup de choses deviennent plus compliquées, comme louer une voiture, faire un crédit à la consommation... Il ne faut donc pas stigmatiser une tranche d'âge. Chaque période de la vie amène certains avantages et certains inconvénients." 

Un slogan revendicatif

Si l'expression "OK, boomer" s'appuie sur le ressenti d'un fossé générationnel ambiant, le sociologue Camille Peugny nuance en insistant sur le fait que l'on retrouve une solidarité très forte entre les générations au sein de la sphère familiale, et plus globalement au niveau microsociologique. "Ce que l'on remarque en sociologie, c'est qu'il n'y a pas tant un conflit de valeurs qu'une demande des jeunes d'avoir les mêmes chances dans la vie que leurs aînés", explique-t-il.

Ce phénomène a d'ailleurs pu être observé à travers les réactions suscitées par le militantisme écologique de Greta Thunberg : en dépit de l'inaction des gouvernements contre le réchauffement climatique, attestée par les scientifiques et les ONG, d'aucuns blâment l'activiste d'être trop jeune et la somment même de "retourner à l'école". Or, pour le chercheur, c'est justement la massification de l'éducation secondaire qui rend les jeunes générations plus informées, et donc moins passives. L'expression "OK, boomer" s'apparenterait ainsi à un slogan à travers lequel les plus jeunes revendiquent leur place dans le débat public.

Récemment, cette impression de ne pas être écouté s'est cristallisée autour du projet de réforme des retraites. Selon un sondage, 65% des retraités et 67% des personnes âgées de 65 ans et plus y sont favorables, alors que la réforme ne les concernera pas. A l'inverse, les autres tranches d'âge y sont opposées. 

L'expression "OK, boomer" est-elle, dès lors, le signe d'un divorce irréconciliable entre jeunes et moins jeunes, dans un contexte socio-économique compliqué ? Sans doute, mais rien de nouveau, nuance Camille Peugny. "Le conflit intergénérationnel, c'est quelque chose qui a toujours existé. Il est d'ailleurs nécessaire à la société", détaille le sociologue, en expliquant que le renouvellement générationnel est à la base du mouvement social en général, au même titre que la lutte des classes. "C'est pour ça qu'il faut prendre au sérieux les revendications des jeunes. Si ça n'avait pas été le cas en 1968, on serait bien moins lotis", note-t-il. En effet, les contestations de Mai 68 ont notamment apporté une augmentation du salaire minimum, une hausse générale des salaires et la quatrième semaine de congés payés. Pour tout le monde. Et déjà à cette époque, cela n'empêchait pas les jeunes de défier leurs aînés avec une autre célèbre question : "D'où parles-tu, camarade ?" 

 

https://www.francetvinfo.fr/culture/noel-fetes-de-fin-annees/ok-boomer-une-expression-devenue-le-symbole-d-un-malaise-entre-les-generations_3752701.html

Après avoir lu l'article, répondez à ces questions :

1. Qu'est-ce qui a provoqué l'expression "Ok, boomer !" ?
2. Qu'incarne l'expression pour les essayistes Brice Couturier et Bertrand Vergely ?
3. Qu'est-ce qui oppose les baby-boomers aux snowflakes ?
4. Qu'est-ce qui a contribué à accroître les conflits intergénérationnels ?
5. Pourquoi ne faut-il pas blâmer les plus de 60 ans, selon la députée Audrey Dufeu Schubert ?
6. Y a-t-il un affrontement en ce qui concerne les valeurs entre les deux générations ?
7. Que réclament les jeunes comme Greta Thunberg ? Où peut-on voir cela concrètement ?
8. Pourquoi le conflit intergénérationnel est-il nécessaire à la société, d'après le sociologue Camille Peugny ?

Retrouvez, dans le texte ci-dessus, les synonymes des mots ou des définitions suivants :


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